Actualité scientifique : Traiter la douleur par neurostimulation transcutanée, TENS
La neurostimulation transcutanée aussi appelée TENS (Transcutaneous Electrical Neuro Simulation) fait depuis plus de 30 ans partie intégrante de l’arsenal thérapeutique du traitement de la douleur en médecine humaine. De part son efficacité prouvée et ses contre indications très limitées, la TENS constitue désormais en France la première alternative non médicamenteuse proposée par les centres anti douleurs pour la prise en charge de la douleur. Très bien acceptée par l’animal elle peut constituer une alternative de choix pour le traitement de la douleur en médecine vétérinaire. Les paramètres utilisés sur l’animal bien que proches de ceux utilisés en humaine peuvent différer sensiblement en raison des seuils d’excitabilité , c’est pourquoi il est préférable d’utiliser un matériel spécialement développé pour la pratique vétérinaire. Très Peu de fabricants on investi dans le développement de tels appareils. Le modèle Intelect Vet de l’américain Chattanooga recommandé par le Colorado Institute et l’Université du Tennessee est sans aucun doute l’appareil le plus complet et le plus utilisé par les vétérinaires du monde entier.
Modalités d’action
La TENS agit par renforcement des mécanismes de contrôle de la douleur : Le premier est celui décrit par Wall et Melzak en 1965 appelé « Gate control », suggérant une inhibition de la transmission du message nociceptif provenant des fibres C par la stimulation des grosses fibres myélinisées du tact Aβ. En effet, la stimulation des grosses fibres périphériques au travers de la peau à des intensités bien tolérées va soulager la douleur en inhibant la transmission du message au niveau de la corne postérieure de la moelle. Cette stimulation dite à haute fréquence (80-100Hz) produit une action antalgique immédiate par libération de dynorphine et enképhaline mais peu durable après l’arrêt de la stimulation. La deuxième théorie concerne le relargage des substances opioïdes endogènes lors de la stimulation avec une augmentation du taux d’endomorphines et de ces précurseurs dans le LCR en mode dit basse fréquence (2-4Hz). Sur un modèle expérimental de rat monoarthritique, la mise en évidence d’une tolérance aux molécules δ et μ agonistes après une TENS de 5 jours, respectivement pour les hautes fréquences et les basses fréquences, étaye l’hypothèse d’une médiation endorphinique. L’augmentation de la tonicité du système opioïde endogène explique en partie le post effet lors de la stimulation. Cette approche produit une action antalgique plus lente à mettre en œuvre (15 à 30min) mais au post effet durable.
Indications
De part sa modalité d’action sur la douleur les indications de la TENS sont très larges : Les indications les plus courantes en médecine vétérinaire sont les myalgies (cervicalgies, dorsalgies et lombalgies) et les douleurs générées par pathologies articulaires dégénératives (arthroses, Dysplasies). Les effets secondaires de la TENS sont peu nombreux et essentiellement représentés par des effets cutanés irritatifs. Les contre-indications sont la présence d’un Pace Maker en raison du risque d’interférence et la stimulation de la zone thoraco abdominale pendant la gestation.
En pratique
Le traitement TENS consiste d’une stimulation électrique de faible intensité à partir de deux petites électrodes cutanées pré gélifiés, placées directement sur le territoire douloureux, ou en amont, en regard des troncs nerveux intéressés. Les paramètres de stimulation sont déterminés en fonction de la modalité choisie. L’animal doit être tondu à l’emplacement des électrodes afin d’assurer une bonne qualité de conduction essentielle à l’efficacité du traitement. Le TENS peut être appliqué même en présence de matériel métallique implanté. La durée des séances sur l’animal peut varier de 30 à 60 min et la répétition peut être quotidienne pendant l’épisode douloureux. Certains impératifs de stimulation sont à respecter et conditionnent l’efficacité de la technique. La première est la présence d’un nombre suffisant de fibres myélinisées à stimuler. En effet, stimuler une zone trop déafférentée est source d’échec. Par ailleurs, seules les fibres superficielles peuvent être stimulées.
Le matériel
>> Voir nos matériels et équipements en physiothérapie Le traitement TENS peut être appliqué à partir d’appareils de physiothérapie cliniques tels que l’Intelect vet, proposant une combinaison de modalités, et permettant d’associer des thérapies par Ultra sons. Il peut également être délivré par un neurostimulateur portable miniaturisé. Le vétérinaire formé à la méthode peut facilement mettre en œuvre le traitement au cabinet puis prescrire au patient un traitement à domicile. Le modèle Rehab X2 version vétérinaire proposé par MIKAN convient parfaitement à cet usage. La qualité des électrodes constituent un élément déterminant de l’efficacité du traitement. L’utilisation de gels de contact electrothérapie est nécessaire afin d’améliorer la conduction électrique. Les électrodes Mikan, proposées en trois tailles, jetables sont particulèrement adaptées à l’usage vétérinaire. Attention : Si aucune réglementation concernant le matériel réservé à l’usage vétérinaire n’est requise en France, l’exigence de la certification norme médicale Européenne indispensable à la mise sur le marché d’un appareil type TENS ( classe IIA) est pour le vétérinaire la seule garantie de la qualité et la fiabilité du matériel utilisé . Tout appareil ou électrodes qui ne relèveraient pas de cette certification n’offriraient aucune garantie contre les risques de brûlure et l’efficacité des courants dispensés.
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