L’expérience d’un CHV : entretien avec le Dr. Jean Philippe Corlouer du CHV Frégis

En suivant le même modèle que les pays ou la rééducation vétérinaire s’est imposée, on observe en France une segmentation des acteurs de ce marché, on y retrouve des CHV (Centre Hospitalier Vétérinaire), des cliniques offrant cette spécialité et des vétérinaires itinérants. Afin de mieux comprendre leurs motivations, leurs organisations et les bénéfices retirés de cette orientation, nous avons questionné le Dr Corlouer du CHV de Frégis ( 94) et nous le remercions pour son témoignage.

Dr Corlouer, depuis combien de temps avez –vous démarré l’activité de rééducation fonctionnelle ?

Au CHV de Frégis, nous avons démarré l’activité de rééducation fonctionnelle en Janvier 2010

Quelles ont été les principales motivations au départ de votre projet ?

Confrontés très régulièrement à des affections orthopédiques ou neurologiques lourdes et invalidantes référés par des confrères, il est apparu nécessaire, compte-tenu des résultats publiés, de compléter les traitements médico-chirurgicaux conventionnels par une rééducation fonctionnelle.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?

La difficulté principale a été de pouvoir recruter un confrère ayant une véritable expérience dans ces domaines. La rééducation fonctionnelle est une discipline vétérinaire encore assez récente et peu de confrères possèdent à la fois les compétences médico-chirurgicales ou neurologiques indispensables, et la maîtrise de ces techniques de soins.

Qui pose l'indication ?

L’animal présenté en consultation pour un trouble locomoteur, qu’il soit d’origine orthopédique ou neurologique, est orienté vers le vétérinaire physiothérapeute du centre en accord avec le propriétaire. Le vétérinaire physiothérapeute effectue alors un bilan locomoteur complet afin de proposer un programme de rééducation fonctionnelle adapté (choix des techniques, fréquence, intensité de travail).

Qui pratique les soins ?

Majoritairement c’est le vétérinaire physiothérapeute qui initie le traitement et met en pratique les techniques. Les séances d’hydrothérapie dans le cadre d’un suivi (animal déjà familiarisé à l’exercice) peuvent être mises en pratique par un ASV formé, sous couvert du vétérinaire présent dans la structure et pouvant intervenir pour avis ou si un souci se présente en cours de séance.

Combien de personnes sont impliquées dans l'activité de rééducation au sein de la clinique ?

Directement sont impliqués le vétérinaire physiothérapeute et les ASV formés à la physiothérapie, indirectement les vétérinaires référents (orthopédiste, neurologue et médecins du CHV de Frégis et tout vétérinaire extérieur nous référant un cas).

De quel matériel disposez vous ?

Nous disposons d’un plateau technique de 36 m², d’un tapis roulant immergé, d’appareillages tels que ultrasons et électrostimulation, tapis de sol d’exercice, matériel de proprioception et parcours d’obstacle, produits de massage.

D’où proviennent les patients ?

Les patients nous viennent majoritairement d’un recrutement interne à la structure, mais aussi de confrères de toute l’ile de France et de départements plus éloignés allant parfois à plus de 150km de distance.

Quelles sont les indications les plus fréquemment rencontrées ?

Les indications le plus fréquemment rencontrées sont l’arthrose, les troubles neurologiques tels que hernies discales, myélopathies dégénératives, embolies fibrocartilagineuses, les troubles orthopédiques tels que dysplasie coxofémorale, rupture de ligament croisé, luxation de rotule, rééducation fonctionnelle post fracture.

Quels sont les résultats obtenus ?

Les résultats thérapeutiques sont probants dans le sens où le pronostic est amélioré dès lors qu’une rééducation fonctionnelle est mise en place le plus tôt possible et dans le sens où la vitesse de récupération est plus importante. La satisfaction des clients se fait ressentir assez rapidement en observant une amélioration notoire de l’état général de l’animal, la récupération fonctionnelle accélérée, le soulagement de la douleur ainsi qu’une joie de vivre et un dynamisme retrouvés. Le bien être animal fait partie intégrante de la prise en compte des objectifs à atteindre lors de la prise en charge de physiothérapie. La rééducation fonctionnelle n’est pas « rentable » en terme de pratique conventionnelle car très chronophage sur le temps main d’oeuvre. Mais très gratifiante par l’amélioration clinique et les progrès notoires obtenus en peu de temps et sans utilisation de pharmacopée lourde. La possibilité de développement de tels domaines de compétence dans une structure vétérinaire permet bien évidemment d’offrir à la clientèle un service de soins supplémentaire avec des techniques de pointe utilisées en médecine humaine. La notoriété d’une telle unité de soins est directement corrélée à la qualité des soins mis en oeuvre et donc à l’intérêt de bénéficier de vétérinaires formés dans ce domaine de compétences.

Comment voyez-vous le développement de cette spécialité en France au cours des 5 prochaines années ?

Cette « spécialité » qui n’est pas reconnue comme telle par les instances ordinales est en plein essor et a besoin de reconnaissances par nos pairs. Depuis 2 à 3 ans la profession vétérinaire française commence à se sensibiliser à ce type de soins et à être convaincue de son utilité comme une suite logique de la cascade thérapeutique conventionnelle. Il reste encore un lourd travail de communication à effectuer dans le domaine, mais la France commence à être à l’écoute à l’image des confrères des pays voisins et outre- Atlantique qui sont au fait de ces techniques depuis de nombreuses années déjà.

Le CHV de Frégis fait confiance à Mikan pour tout son équipement de rééducation.